Introduction
Nombreuses sont les personnes qui s’apitoient en voyant à travers leur écran de télévision les conditions de vie des populations du Tiers-Monde. La majorité avoue ne rien pouvoir y faire tout en consommant des produits issus de l’exploitation des habitants et des ressources de ces mêmes pays. Seulement, un commerce plus respectueux des pays de Sud s’est développé ces dernières années. Donc, si elles modifiaient leur consommation, ces personnes occidentales qui se lamentent devant leur écran pourraient agir pour le bien-être de tous. Mais un autre problème commence à se poser. Le commerce équitable devient une mode et donc un commerce rentable ; à tel point que certaines entreprises peu scrupuleuses ont repris cette appellation "équitable" pour faire du profit tout en dénaturant le principe de solidarité. Il convient donc dans un premier temps de définir ce que nous appellerons "commerce équitable". Ensuite, nous répondrons aux critiques des détracteurs de cette initiative solidaire. Enfin, nous exposerons les limites du commerce équitable actuel ainsi que les améliorations à y apporter.
I - Qu'est-ce que le commerce équitable?
Le commerce équitable est contrôlé par divers organismes indépendants, chacun ayant son label. En France, on peut notamment trouver : Max Havelaar, Bio équitable, Main dans la main, Artisans du Monde… Chaque organisme de contrôle a ses propres critères en matière de commerce équitable. On peut tout de même noter certains points communs entre ces différentes exigences :
- Un prix d’achat minimum garanti et indépendant des fluctuations du marché est attribué aux producteurs et la rémunération des commandes se fait avant la livraison. Ainsi les producteurs ne voient pas leur revenus fluctuer en fonction de lois économiques absurdes et n’ont pas à s’endetter avant même de commencer leur activité.
- La liberté syndicale doit être acceptée et le travail des enfants est interdit. Ainsi, par l’intermédiaire de ces règles commerciales, des avancées se font dans le domaine des droits de l’homme.
- Un respect des cultures et des coutumes locales permet de respecter les populations autochtones.
- Une limite du nombre d’intermédiaires commerciaux permet de ne pas trop augmenter le prix du produit fini.
- Un respect de l’environnement dans les techniques agricoles ainsi qu’une prime au bio permettent de ne pas empoisonner l’eau et les terres locales et d’orienter les activités vers un développement durable.
- Des programmes de financement de projets sociaux sont mis en place comme la création d’écoles ou d’établissements sanitaires.
Cependant, nous sommes en droit de nous demander ce que valent ces orientations dans le cadre de produits issus du commerce équitable que l’on peut trouver en grande surface ou en fast-food. En effet, la politique de ces grands établissements commerciaux en matière de prix est bien connue. A savoir : casser le prix d’achat au producteur pour se faire un maximum de marge tout en satisfaisant le désir du consommateur d’acheter à bas prix. Que vaut alors l’équitable lorsque le bas prix devient le seul argument de vente et que l’éthique passe au second plan voir disparaît ?
Nous pensons donc qu’un commerce réellement équitable passe par l’abandon des grandes surfaces, des fast-foods et des grandes chaînes de distribution et que ces produits ne doivent être vendus que dans des petits commerces tels que les magasins coopératifs bios, les boutiques spécialisées ou les marchés.
II - Les critiques faites à ce commerce
Malgré les engagements solidaires énoncés précédemment, pris par les différents acteurs du commerce équitable, celui-ci doit aujourd’hui faire face à de nombreuses critiques. Nous allons donc exposer ces critiques dans le but de les analyser.
A - Un commerce qui n'est pas parfait
Tout d’abord, certains partisans d’un commerce encore plus solidaire rétorquent que le label équitable ne garantit pas que toutes les étapes de ce commerce soient soumises à la réglementation exposée (notamment le transport) ou que tous les acteurs de ce commerce n’aient pas forcément une éthique irréprochable (nous avons exposé le cas des grandes surfaces). Nous sommes évidemment conscients de ces limites mais cela n’est pas un argument pour ne pas consommer ces produits. Pour l’instant le commerce équitable est ce qui se fait de mieux à grande échelle en matière de solidarité. Donc rien n’empêche ces contradicteurs de faire leurs achats en coopératives biologiques et d’éviter les marques de « faux équitable » d’une part. Rien ne les empêche de participer eux-mêmes à l’amélioration de ce système d’autre part. Car il est toujours facile de critiquer les efforts des uns ; mais il est moins aisé de proposer des alternatives et il est encore plus ardu de créer effectivement une alternative durable.
B - La question du travail des enfants
D’autres détracteurs de cette initiative ajoutent que si ce type de commerce refuse le travail des enfants, ceux-ci ne pourront alors gagner de l’argent et survivre dans des pays où leurs droits sont bafoués. Nous leur répondons qu’en aucun cas le travail des enfants ne peut être justifié ; que ce n’est pas en les cachant dans des usines douze heures par jour que les gouvernements de ces pays prendront en compte la misère sociale du peuple. De plus, en consommant équitable, nous avons vu que les petits producteurs sont mieux rémunérés. Ainsi, ils peuvent subvenir aux besoins de leur famille sans avoir recours au travail de leurs enfants. Nous ajouterons également que grâce aux financements de créations d’écoles, ces mêmes enfants auront la chance de suivre une scolarité décente au lieu de sacrifier leur bel âge pour les profits d’une quelconque entreprise.
C - Un prix plus élevé
Le prix d’achat des produits équitables repoussent également beaucoup de consommateurs qui prétendent ne pas avoir les moyens de payer plus cher. C’est alors l’occasion d’analyser la consommation de ces mêmes personnes et de les questionner. Celles-ci auront les moyens de s’acheter un paquet de cigarette à 5 euros par jour mais ne voudront pas dépenser 10 euros de plus dans leur alimentation par semaine pour choisir un paquet de riz équitable. Celles-ci encore voudront boire quotidiennement leur demi-litre de coca-cola au lieu de se restreindre à lune bouteille de coca-cola équitable par semaine ; ce qui par ailleurs ne peut qu’être bénéfique pour leur santé. D’autre encore préfèrent partir trois fois en vacances par an plutôt que une fois par un tourisme solidaire et plus enrichissant. Enfin, même des smicards voudront acheter dix jeans à 15 euros en déstockage plutôt qu’un seul produit selon des normes acceptables. En réduisant notre surconsommation, il devient tout à fait possible pour tous les budgets de faire ses courses en magasin biologique et de privilégier le commerce équitable. Quant aux personnes démunies, elles doivent encore faire plus attention pour ne pas tomber dans ce piège addictif de la consommation et toujours agir à leur niveau en gardant à l’esprit qu’elle aussi aimerait profiter d’un monde plus juste et que celui-là ne construira pas sans leur aide.
Nous pouvons également répondre aux personnes qui posent la question suivante : « Mais alors ces produits sont plus cher ? ». Nous leur rétorquons : « Plus cher que quoi ? ». Plus cher qu’une grande marque de sport faisant fabriquer ses produits par des enfants ? Sûrement pas ! Plus cher qu’une marque de luxe réservée à la haute bourgeoisie ? Encore moins ! En quoi le fait d’être une marque connue autorise ces fabricants à vendre à des prix exorbitant en méprisant ainsi le producteur et le consommateur ? Mais les produits équitables sont en effet plus chers que ceux de marque moins connues de mauvaise qualité ou fabriqués dans un pays où le droit du travail est inexistant. Plus cher aussi que des produits issus d’une entreprise qui ne s’encombre pas d’un respect de l’environnement. Finalement, les produits équitables ne sont pas les plus chers existants mais ils sont la cible des consommateurs plaintifs ne recherchant qu’un pouvoir d’achat toujours plus grand sans se soucier de ceux qui souffrent de ce commerce libéral.
D - Commerce local ou commerce équitable?
Enfin, fréquent sont les personnes imbues d’un mauvais nationalisme qui rétorquent qu’elles préfèrent consommer français. Nous sommes tout à fait d’accort avec cette idée. D’accord dans le sens où une consommation plus locale ne peut qu’entraîner une baisse de la pollution due aux transports. D’accord dans le sens où chacun prend ses responsabilités en côtoyant ceux qui fabriquent leurs produits d’achat. Cependant tout ne peux pas être cultivé sous notre climat et ce qu’oublie ces personnes c’est que derrière une certification « produit en France », se cache une réalité beaucoup plus effrayante. Une paire de chaussettes « françaises » a pu voir sa dernière étape de fabrication (pose d’un élastique, coloration) en France mais dans le même temps être tissée en Asie et dont le coton provient également de ce continent. Combien de personnes ont déjà vu un champ de coton en France ? Peu ? Cela serait plutôt normal car notre pays est loin d’en être le plus gros producteur. Et cette réflexion peu s’étendre sur une large gamme de produit. Alors autant consommer local pour réduire le coût environnemental de nos achats a du sens, autant nous venons de démontrer l’absurdité d’une telle réflexion si elle est basée sur un nationalisme primaire ou un patriotisme pitoyable. Nous préfèreront privilégier un commerce international plus éthique qu’un pseudo-commerce français ne respectant ni le consommateur de part cette duperie, ne les ouvriers du sud exploités mais masqués derrière une phrase vendeuse.
III - Comment l'améliorer?
Nous venons donc de répondre aux attaques concernant le commerce équitable. Cependant il ne faut en aucun cas se reposer sur nos lauriers en se disant que l’égalité Nord/Sud est rétablie. De nombreuses améliorations sont à apporter à cette belle initiative.
A - Dans un futur proche
Pour répondre à ces attentes, nous nous refuseront de traiter avec les grandes chaînes commerciales pour des raisons exposées précédemment. Ensuite, il serait bon d’établir un mode de transport peu polluant (train, bateau) pour les marchandises équitables et dont les critères sociaux répondraient aux mêmes normes que celles de la production. Pour garantir un respect maximum du consommateur, un commerce transparent doivent lui permettent de savoir quelle part véritable du prix d’achat est remise à chacun de acteurs de ce commerce.
B - Dans l'utopie
De plus, le commerce équitable n’est pas une fin en soit. Nous devons tendre vers un commerce égalitaire où aucune hiérarchie n’existerait et où chaque acteur serait rémunéré au même taux horaire en fonction du coût de la vie dans son pays et ce quel que soit son poste occupé car du responsable logistique au manutentionnaire, chacun à son rôle à jouer et est tout aussi utile que n’importe quel autre employé.
Enfin, c’est la notion même de commerce qu’il est possible de remettre en question en posant les notions de gratuité et de dons volontaires. Notions qui sont actuellement mises en place à très petite échelle dans des éco villages. Même si nos derniers arguments ne sont pour l’instant qu’une très lointaine utopie, ils ne doivent jamais être oubliés pour toujours garder à l’esprit que tout peut et doit être améliorer.
Conclusion
Après avoir défini le principe du commerce équitable, nous avons vu que malgré l’absence de critique constructives de cette alternative, elle peut néanmoins toujours être améliorée Il convient donc, tout en travaillant à cette évolution, de promouvoir ce type de rapport commerciaux. Auprès des entreprises pour qu’elles mêmes changent leurs rapports avec leurs producteurs du Sud. Mais aussi auprès du consommateur afin de le responsabiliser. Pour ne pas qu’il achète éthique une fois par mois pour se donner bonne conscience mais à tout moment. Pour qu’une consommation éthique devienne chez lui un réflexe car il est normal d’acheter des produits respectant l’Homme, l’environnement et les animaux. C’st la consommation libérale traditionnelle qui est amorale, anormale et qu’il faut essayer de bannir. |